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Nuit rose sur le Danube bleu... 
 
 
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NUIT ROSE SUR LE DANUBE BLEU- EPI 42- 2021-22

 
 
 
Titre : Les fabuleuses escapades de Roberto 
« Nuit rose sur le Danube bleu »  
(Noapte roz pe Dunărea albastră) 
Episode 42 
 
 
L’épisode 42 est issu de la série intégrale : 
« LES FABULEUSES ESCAPADES DE ROBERTO » 
 
 
Episode 8 issu de la série théâtrale 2021/2022 « Les Contes Miraculeux » 
 
L’épisode 8 : « Nuit rose sur le Danube bleu » (Noapte roz pe Dunărea albastră) (Chapitre 8) est une pièce en 1 acte / 1 partie / 1 épisode 
 
 
 
GENRE : Conte miraculeux  
Auteur : Emilien Casali 
 
 
 
 
 
 
 
PROLOGUE  
 
Début août… en début de journée…  
 
Temps caniculaire…  
 
L’action se déroule à hauteur du phare de la Cité de Sulina (Roumanie), lequel est situé à l’entrée du bras du delta du Danube qui ouvre sur la mer noire…  
 
Une Magnfique goélette à trois mâts (La Salamandre) surgit de la mer et se glisse lentement sur le fleuve Danube… 
 
A travers le hublot d’une cabine située sur le pont de la goélette, on aperçoit la Dame Inconnue placée derrière une petite table tenant le livre d’or dans ses mains… 
 
Un panneau accroché à la porte de la cabine indique : « Entrée interdite »…  
 
LA DAME INCONNUE, placée dans la cabine, le livre d’or dans ses mains, lit à haute voix « Par un beau matin d’été, la fille du phare et le violoniste embarquèrent à bord du navire marchand qui allait les conduire vers une destination inconnue à la recherche d’une nouvelle vie. Le navire se glissa dans le bras du Danube et parcourut le fleuve d'aval en amont. Les deux amoureux pouvaient enfin se projeter dans l’avenir... »  
 
Peu après, Dona Crina d’Alba surgit sur le pont de la goélette, suivie de Roberto tenant dans une main une valise rouge (sur laquelle est incrustée une petite fenêtre) et dans l’autre main une paire de jumelles… 
Roberto dépose la valise rouge sur le sol et scrute les alentours à l’aide de sa paire de jumelles...  
 
Soudain, Tsitsi (Ţiţi -Chat gris) bondit hors de la valise rouge… 
 
TSITSI (Ţiţi -Chat gris) 
C’est cool, Roberto! 
 
 
ROBERTO (Chapeau noir, chemise blanche et gilet noir)  
Je t’avais demandé de rester dans la valise, Tsitsi. 
 
TSITSI (Ţiţi -Chat gris) 
J’étouffe à l’intérieur! 
 
ROBERTO (Chapeau noir, chemise blanche et gilet noir) 
Je me demande ce que je vais bien pouvoir faire de toi, coquin ?!  
 
DONA CRINA D’ALBA Tsitsi est un grand garçon, Roberto! Je suis persuadée qu’il se tiendra gentiment à sa place durant notre croisière sur le Danube. N’est-ce pas, mon garçon? 
 
TSITSI (Ţiţi -Chat gris) 
Comptez sur moi, ma petite dame ! 
 
DONA CRINA D’ALBA N’est-ce pas que tu te rendras utile tout au long du voyage ?  
 
TSITSI (Ţiţi -Chat gris) 
Je fais souvent la vaisselle chez Domnitza Maria. 
 
ROBERTO (Chapeau noir, chemise blanche et gilet noir) 
Tu passes surtout ton temps à lécher les plats. 
 
TSITSI (Ţiţi -Chat gris) 
Quant à toi, je ne te vois pas souvent passer l’aspirateur.  
 
ROBERTO (Chapeau noir, chemise blanche et gilet noir) 
Qui, moi ? 
 
TSITSI (Ţiţi -Chat gris) 
Sans parler de ton lit que tu ne fais jamais. 
 
ROBERTO (Chapeau noir, chemise blanche et gilet noir) 
Quoi? 
 
TSITSI (Ţiţi -Chat gris) 
Et les poubelles que tu ne vides pas!  
 
ROBERTO (Chapeau noir, chemise blanche et gilet noir) 
Entendez-vous cela, Dona Crina d’Alba : un chat qui me fait des reproches.  
 
TSITSI (Ţiţi -Chat gris) 
C’est juste un constat. 
 
DONA CRINA D’ALBA Je veux bien le croire. 
 
ROBERTO (Chapeau noir, chemise blanche et gilet noir) 
Je préfère garder mon calme...  
 
Roberto continue de scruter les alentours avec sa paire de jumelles... 
 
Le Comte de la Bouche-En-Biais (Peignoir marron) surgit sur le pont avec une fleur rouge dans une main et dans l’autre sa canne… 
 
LE COMTE (Peignoir marron) 
Ce n’est pas de la faute à ce chat si Monsieur Roberto préfère passer ses journées à se tourner les pouces au pied de son arbre au lieu de faire le ménage dans sa petite maison. 
 
DONA CRINA D’ALBA Monsieur le Comte est mieux renseigné que moi.  
 
LE COMTE (Peignoir marron) J’ai placé des drones au-dessus du jardin où il campe pour le surveiller jour et nuit. Et le constat fut sans appel !  
 
DONA CRINA D’ALBA Monsieur le Comte est sérieux ?  
 
LE COMTE (Peignoir marron) Pensez-vous, Dona Crina d’Alba, qu’un homme vêtu d’un peignoir en pleine été, lequel se trémousse sur le pont d’une goélette avec une fleur à la main, puisse être sérieux? 
 
DONA CRINA D’ALBA Monsieur le Comte aurait-il retrouvé le goût de vivre ? 
 
Roberto scrute les alentours avec sa paire de jumelles… 
 
LE COMTE (Peignoir marron)  
Pas vraiment. Disons que j’essaie de m’accrocher à la vie.  
 
DONA CRINA D’ALBA Avec le temps, tout s’arragera.  
 
LE COMTE (Peignoir marron) 
Avant de quitter l’hôtel, la belle inconnue a déposé cette fleur devant ma porte sans dire un mot.  
 
ROBERTO (Chapeau noir, chemise blanche et gilet noir) 
On va finir par le savoir! 
 
LE COMTE (Peignoir marron) 
Je crains qu’elle ait disparu à tout jamais. 
 
ROBERTO (Chapeau noir, chemise blanche et gilet noir) 
Vous vous mettez en boucle depuis deux jours, Majesté.  
 
 
Le Comte s’agenouille...  
 
Une mandoline apparait dans les mains du Comte... 
 
LE COMTE (Peignoir marron), joue de la mandoline, agenouillé 
« Comme la voix d’un mort qui chanterait 
Du fond de sa fosse, 
Maîtresse, entends monter vers ton retrait 
Ma voix aigre et fausse. 
 
Ouvre ton âme et ton oreille au son 
De ma mandoline : 
Pour toi j’ai fait, pour toi, cette chanson 
Cruelle et câline. 
 
Je chanterai tes yeux d’or et d’onyx 
Purs de toutes ombres, 
Puis le Léthé de ton sein, puis le Styx 
De tes cheveux sombres. 
 
Comme la voix d’un mort qui chanterait 
Du fond de sa fosse, 
Maîtresse, entends monter vers ton retrait 
Ma voix aigre et fausse. 
 
Puis je louerai beaucoup, comme il convient, 
Cette chair bénie 
Dont le parfum opulent me revient 
Les nuits d’insomnie. 
 
Et pour finir, je dirai le baiser 
De ta lèvre rouge, 
Et ta douceur à me martyriser, 
- Mon Ange ! - ma Gouge ! 
 
Ouvre ton âme et ton oreille au son 
De ma mandoline : 
Pour toi j’ai fait, pour toi, cette chanson 
Cruelle et câline. » 
Paul Verlaine (Sérénade), Poèmes saturniens (1866) 
 
La mandoline disparaît des mains du Comte… 
 
DONA CRINA D’ALBA C’est bien plus grave que je ne le pensais. 
 
LE COMTE (Peignoir marron), agenouillé 
Je ne vous le fais pas dire, ma chère. Je n’en dors plus de la nuit. 
 
Un yacht s’approche à toute allure de la goélette avec trois passagers à son bord, s’agissant de Sylvestre (Le facteur), Martisoara (une enveloppe rose à col jaune à la main) et Patzy (La petite chatte aux grands yeux verts) qui tient une plume d’or dans une main... 
 
La colombe vole à hauteur du yacht... 
 
ROBERTO (Chapeau noir, chemise blanche et gilet noir)  
Nous avons de la visite, les amis! J’apercois un yacht dans mes jumelles qui s’approche de nous avec trois passagers à son bord. 
 
DONA CRINA D’ALBA De qui s’agit-il ? 
 
ROBERTO (Chapeau noir, chemise blanche et gilet noir)  
Je vous laisse le soin de le découvrir par vous-même. 
 
LE COMTE (Peignoir marron), agenouillé 
Pourvu que celui auquel je pense ne fasse pas partie du groupe. 
 
 
Quelques secondes plus tard, le yacht s’arrête à hauteur de la goélette... 
 
Les trois passagers montent ensuite à bord de la goélette à l’aide d’une échelle placée contre les parois... 
 
La colombe se pose sur un mât... 
 
PATZY (La petite chatte aux grands yeux verts), bondit sur le pont avec la plume d’or dans une main  
C’est trop super les vacances d’été ! 
 
ROBERTO (Chapeau noir, chemise blanche et gilet noir) 
Ah! Te voila, Patzy! Ce n’est pas trop tôt! 
 
PATZY (La petite chatte aux grands yeux verts), la plume d’or dans une main  
Je t’ai rapporté ta plume d’or, Roberto. Tu l’avais oubliée dans ta chambre d’hôtel.  
 
ROBERTO (Chapeau noir, chemise blanche et gilet noir), se saisit de la plume 
Je me demandais où tu étais passée, ma fille !? 
 
PATZY (La petite chatte aux grands yeux verts), la plume d’or dans une main  
Avoue que tu ne peux plus te passer de moi dans tes aventures !  
 
ROBERTO (Chapeau noir, chemise blanche et gilet noir) 
En effet, que deviendrais-je sans ma plus fidèle accompagnatrice ? 
 
SYLVESTRE (Le facteur), grimpe à bord 
Salut la compagnie! La vie est belle? 
 
ROBERTO (Chapeau noir, chemise blanche et gilet noir) 
Quelle surprise ! Je ne m’attendais pas à vous revoir de sitôt, mes amis. 
 
MARTISOARA (Cheveux roux tressés), grimpe à bord de la goélette avec une enveloppe rose à col jaune à la main 
Mon fiancé et moi avons décidés de partir en croisière avec vous.  
 
ROBERTO (Chapeau noir, chemise blanche et gilet noir) 
Soyez les bienvenues à bord de la Salamandre que je ne vous présente plus, Martisoara. 
 
MARTISOARA (Cheveux roux tressés), une enveloppe rose à col jaune à la main 
Ouhaou ! Quel bonheur de se retrouver à nouveau sur le pont de la Salamandre ! Cela faisait si longtemps...  
 
Martisoara s’écarte du groupe avec l’enveloppe à la main... 
 
SYLVESTRE (Le facteur) 
C’eut été dommage que Martisoara et moi ne pûmes prendre part à l’aventure de l’été qui s’annonce comme une expédition enchantée. 
 
LE COMTE (Peignoir marron) 
Au contraire, Monsieur Sylvestre, c’eut été préférable que vous ne fîtes point partie de l’équipage. Car, voyez-vous, c’est de gens paisibles dont j’ai besoin ces temps-ci, et non pas d’un énergumène comme vous qui prend un malin plaisir à gâcher la fête d’autrui.  
 
SYLVESTRE (Le facteur) 
Quelle fête ? De quoi parlez-vous, Mister Comte? 
 
LE COMTE (Peignoir marron) 
C’est cela, continuez de vous payer ma tête!  
 
SYLVESTRE (Le facteur) 
Il doit y avoir un malentendu ? 
 
LE COMTE (Peignoir marron) 
Que je ne vous vois plus trainer dans mes jambes. C’est compris ? 
 
Le Comte quitte les lieux... 
 
SYLVESTRE (Le facteur) 
Quelque chose ne va pas chez lui ? 
 
DONA CRINA D’ALBA Vous parlez trop, facteur. 
 
SYLVESTRE (Le facteur) 
J’ai dit quelque chose de mal ? 
 
DONA CRINA D’ALBA Dernièrement, le Comte s’est plaint auprès de moi.  
 
SYLVESTRE (Le facteur) 
A quel sujet ? 
 
DONA CRINA D’ALBA Il prétend que vous êtes à l’origine de sa rupture avec une belle inconnue. 
 
SYLVESTRE (Le facteur) 
Vous n’allez tout de même pas croire ce dingo? Vous voyez bien qu’il est à côté de ses pompes! 
 
DONA CRINA D’ALBA Soit dit en passant, votre comportement au château de Bethléen laissa beaucoup à désirer. Je me trouvais également dans les parages. 
 
SYLVESTRE (Le facteur) 
Vous voulez bien me rafraîchir la mémoire. 
 
 
\DONA CRINA D’ALBA 
Souvenez-vous! Cet épisode remonte au printemps dernier dans le Judet d’Alba. Alors que la fête battait son plein au château Bethléen et que monsieur le Comte s’apprêtait à danser un slow avec Juliette la serveuse, il fallut que Monsieur Sylvestre se mêle à la farce. 
 
SYLVESTRE (Le facteur) 
Aurais-je eu un comportement déplacé ce soir-là ? 
 
DONA CRINA D’ALBA 
Non seulement cela, vous avez gâché les espoirs du Comte.  
 
SYLVESTRE (Le facteur) 
J’admets m’être comporté comme un idiot.  
 
DONA CRINA D’ALBA C’est le moins qu’on puisse dire.  
 
SYLVESTRE (Le facteur) 
Néanmoins, je ne vois pas le rapport entre la belle inconnue et Juliette ? 
 
DONA CRINA D’ALBA C’est que l’affaire est remontée jusqu’aux oreilles de la belle inconnue qui perçut aussitôt dans l’attitude du Comte une trahison à son égard. 
 
SYLVESTRE (Le facteur) 
Pauvre homme! Je vais prier pour lui. 
 
DONA CRINA D’ALBA Vous feriez mieux de prier pour vous, Sylvestre. 
 
SYLVESTRE (Le facteur) 
Je ne vois pas pourquoi ? 
 
 
DONA CRINA D’ALBA Apprenez, mon ami, que dans la communication humaine, il faut tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de parler.  
 
SYLVESTRE (Le facteur) 
La belle inconnue souhaitaient obtenir des détails croustillants sur la soirée en question. Ainsi, parmis les gens présents dans la soirée, j’ai eu le malheur de mentionner le prénom de la serveuse et c’est à partir de là que tout à déraillé. Ô combien je regrette cette négligence de ma part qui me vaut aujourd’hui un retour de baton !  
 
 
DONA CRINA D’ALBA Qui sème le vent récolte la tempête! 
 
SYLVESTRE (Le facteur) 
Jamais plus je n’oserais me regarder dans une glace! 
 
DONA CRINA D’ALBA Hélas, ce qui est fait est fait! Vous ne pouvez pas revenir en arrière. A moins de vous racheter une bonne conduite.  
 
SYLVESTRE (Le facteur) Vous pensez que Monsieur le Comte me pardonnera un jour ? 
 
DONA CRINA D’ALBA Dieu seul le sait.  
 
SYLVESTRE (Le facteur) 
Me voilà bien depourvu! 
 
DONA CRINA D’ALBA Votre fiancée vous attend, Sylvestre.  
 
MARTISOARA (Cheveux roux tressés) 
Tiens, Roberto, c’est pour toi! De la part de son Altesse !  
 
Martisoara tend l’enveloppe à Roberto, puis entraine Sylvestre dans une cabine... 
 
ROBERTO (Chapeau noir, chemise blanche et gilet noir), lit le message à haute voix 
« Cher Roberto,  
Pour vos retrouvailles avec la salamandre, j’ai conçu tout spécialement pour vous un programme de choix.  
En effet, j’ai pensé que cela vous ferait plaisir de vivre une belle croisière sur le Danube. 
Je vous souhaite un bon voyage.  
Longue vie a la colombe! »  
 
PS . Je précise toutefois que le Danube pris en contre-sens n’est pas un long fleuve tranquille.  
 
La goélette poursuit sa route ensuite sur le Danube... 
 
FIN DU PROLOGUE 
 
 
 
 
 
 
ACTE 1 – SCENE 1 
 
Le nuage de fumée bleue se dissipe…  
 
Quelques temps plus tard...  
 
15 août… en fin d’après-midi…  
 
Le soleil s’apprête à coucher... 
 
L’Action débute au début de la longue promenade de Galați (Région de Moldavie) qui longe le Danube sur 4 kilomètres environ…  
 
 
La Salamandre (Magnifique goélette à trois mâts) est à quai près d’un restaurant touristique en bordure du fleuve… 
 
 
Roberto et Dona Crina d’Alba sont assis au bord du Danube, tous deux observent les pélicans qui pêchent le poisson dans les eaux profondes…  
 
La colombe vole au-dessus du Danube... 
 
 
Au même instant, la Dame Inconnue quitte le restaurant à bord d’une calèche tirée par une licorne, laquelle jette de de temps à autres un coup d’oeil sur le livre d’or (grand ouvert) placé sur ses genoux... 
 
 
La calèche se rend à l’autre bout de la promenade... 
 
LA COLOMBE , vole au-dessus du Danube 
« Là-bas dans le port de Galaţi, 
Les marchands croulent sous le poids 
Des étoffes persanes, 
Des fourrures lipovènes. 
Rouleaux de soie 
Douce comme laine, 
Fils de soie brillante, 
Drap légers comme un souffle ; 
Marchandise féminine 
Et toile de Turquie, 
Pantoufles légères 
Rapportées d’Inde, 
Fourrure longue et molle 
Bordée de Zibeline. » 
Ancienne ballade populaire roumaine (Là-bas dans le port de Galaţi)  
 
 
Pendant ce temps-là, à l’autre bout de la promenade…  
 
Le Comte de la Bouche-En-Biais (une canne à la main et une fleur rouge épinglée à son peignoir marron) se promène en compagnie de Patzy (La petite chatte aux grands yeux verts) qu’il tient au bout d’une laisse... 
 
LE COMTE (Peignoir marron), tient Patzy au bout d’une laisse  
Il se fait tard, Patzy! Retournons sur nos pas! 
 
PATZY (La petite chatte aux grands yeux verts), tenue en laisse 
C’est trop super, Mister Comte ! 
 
LE COMTE (Peignoir marron), tient Patzy au bout d’une laisse  
Nous avons une bonne heure de marche devant nous. Tiens-toi tranquille, ma fille!  
 
PATZY (La petite chatte aux grands yeux verts), tenue en laisse 
Ce serait encore plus super si vous pouviez retirer ma laisse ! Avec elle, je me sens comme prisonnière.  
 
LE COMTE (Peignoir marron), tient Patzy au bout d’une laisse  
Ton maitre m’a demandé de te surveiller durant la promenade pour ne pas qu’on te perde.  
 
PATZY (La petite chatte aux grands yeux verts), tenue en laisse 
Roberto n’est pas mon maȋtre, c’est juste un bon copain. Je l’aime bien, mais de là à me prosterner devant lui... faut pas rêver!  
 
LE COMTE (Peignoir marron), tient Patzy au bout d’une laisse 
Cesse de gémir autant, s’il te plait, tu vas nous faire remarquer. 
 
PATZY (La petite chatte aux grands yeux verts), tenue en laisse 
Je ne suis pas sa chienne ! Dites-lui que je suis majeure et vaccinée! 
 
 
LE COMTE (Peignoir marron), tient Patzy au bout d’une laisse 
En attendant, je suis responsable de toi.  
 
 
 
Le Comte poursuit son chemin avec Patzy au bout de la laisse... 
 
La calèche tirée par la licorne surgit… 
 
 
La Dame Inconnue descend de la calèche, puis se tient à hauteur de la promenade le livre d’or à la main… 
 
LA DAME INCONNUE, le livre d’or dans ses mains, lit à haute voix « Quelques temps plus tard, le navire accosta dans le port de Galati pour une durée de 12 heures afin de livrer des marchandises. Peu avant le coucher du soleil, profitant de l’occasion qui leur était donnée, Ciprian le violoniste et Mălina firent une promenade sur les berges du Danube bleu. L’avenir semblait rose pour les deux amoureux... »  
 
La Dame Inconnue referme le livre et contemple les reflets du soleil couchants dans les eaux bleues du Danube... 
 
Soudain, le livre d’or s’ouvre, laissant échapper un doux faisceau de lumière... 
Deux voix jaillissent hors du livre d’or accompagnées du son mélodieux d’un violon... 
 
 
LA VOIX DE LA JEUNE FEMME, jaillit hors du livre d’or 
Baiser ! rose trémière au jardin des caresses ! 
Vif accompagnement sur le clavier des dents 
Des doux refrains qu’Amour chante en les cœurs ardents 
Avec sa voix d’archange aux langueurs charmeresses ! 
 
LA VOIX DU JEUNE HOMME, jaillit hors du livre d’or 
Sonore et gracieux Baiser, divin Baiser ! 
Volupté nonpareille, ivresse inénarrable ! 
Salut ! l’homme, penché sur ta coupe adorable, 
S’y grise d’un bonheur qu’il ne sait épuiser. 
 
LA VOIX DE LA JEUNE FEMME, jaillit hors du livre d’or 
Comme le vin du Rhin et comme la musique, 
Tu consoles et tu berces, et le chagrin 
Expire avec la moue en ton pli purpurin ... 
Qu’un plus grand, Goethe ou Will, te dresse un vers classique. 
 
LA VOIX DU JEUNE HOMME, jaillit hors du livre d’or 
Moi, je ne puis, chétif trouvère de Paris, 
T’offrir que ce bouquet de strophes enfantines : 
Sois bénin et, pour prix, sur les lèvres mutines 
D’Une que je connais, Baiser, descends, et ris.  
Paul Verlaine (Il Bacio), Poèmes saturniens (1866) 
 
Tandis que la Dame Inconnue contemple les eaux bleues du danube, le Comte remonte gentiment la promenade toujours en compagnie de Patzy (La petite chatte aux grands yeux verts) qu’il tient au bout d’une laisse...  
 
PATZY (La petite chatte aux grands yeux verts), tenue en laisse 
Ce n’ai pas gai, mais alors pas gai du tout !  
 
LE COMTE (Peignoir marron), tient Patzy au bout d’une laisse 
Quoi encore ? 
 
PATZY (La petite chatte aux grands yeux verts), tenue en laisse 
A l’heure qu’il est, je préférerais jouer dans l’eau avec les pélicans, plutôt que de me conformer aux règles établies par un individu qui passe le plus clair de son temps à rabâcher la même chose.  
 
LE COMTE (Peignoir marron), tient Patzy au bout d’une laisse Tu ne peux pas comprendre, Patzy. J’ai été abandonné par une femme qui ne souhaite plus me revoir. 
 
PATZY (La petite chatte aux grands yeux verts) C’est ce qui arrive quand on se comporte comme un idiot.  
 
LE COMTE (Peignoir marron) Qu’entends-tu par là, ma fille?  
 
PATZY (La petite chatte aux grands yeux verts) C’est juste un constat. 
 
LE COMTE (Peignoir marron) Je suis innocent.  
 
PATZY (La petite chatte aux grands yeux verts) Et mon oeil ! Je me trouvais au château à l’époque où remonte les faits et j’ai tout vu.  
 
LE COMTE (Peignoir marron) Qu’est-ce que tu as vu, ma fille ?  
 
PATZY (La petite chatte aux grands yeux verts) Je vous ai vu faire la cour à la serveuse toute la soirée. 
 
LE COMTE (Peignoir marron) Juliette ne demandait que cela!  
 
PATZY (La petite chatte aux grands yeux verts) Vous venez d’avouer, Monsieur le Comte. 
 
LE COMTE (Peignoir marron) Oui, je l’avoue haut et fort! 
 
PATZY (La petite chatte aux grands yeux verts) Seulement voilà! Ce n’est pas vous qui l’intéressait. 
 
LE COMTE (Peignoir marron) Puisque tu en sais plus que moi, tu vas pouvoir me donner plus amples informations. 
 
PATZY (La petite chatte aux grands yeux verts) Votre rival s’est laissé tenté par la jolie blondinette.  
 
LE COMTE (Peignoir marron) Tu ne fais que confirmer mes doutes. Il m’a fait de l’ombre toute la soirée. Jamais je ne lui pardonnerai.  
 
PATZY (La petite chatte aux grands yeux verts) Le pauvre homme n’y est pour rien, Majesté !  
 
LE COMTE (Peignoir marron) Tu prends sa défense alors que c’est moi qui suis la victime. 
 
PATZY (La petite chatte aux grands yeux verts) Juliette vous a mené par le bout du nez tous les deux.  
 
LE COMTE (Peignoir marron) Quoi ? Que dis-tu ?  
PATZY (La petite chatte aux grands yeux verts) Ce n’était qu’un jeu pour Juliette. 
 
LE COMTE (Peignoir marron) Aurais-je été piégé à l’insu de mon plein gré? 
 
PATZY (La petite chatte aux grands yeux verts) Voila ce qu’il en coûte de s’écarter des sentiers battus. 
 
LE COMTE (Peignoir marron) Tu cherches à me faire la morale ? 
 
PATZY (La petite chatte aux grands yeux verts) Pierre qui roule n’amasse pas mousse ! 
 
LE COMTE (Peignoir marron) Là est souvent notre défaut. 
 
PATZY (La petite chatte aux grands yeux verts) On peut rectifier son comportement à tout âge.  
Un nuage de fumée rose envahit les lieux… 
 
FIN DE LA SCENE 1 
 
 
 
 
 
ACTE 1 – SCENE 2 
Le nuage de fumée rose se dissipe…  
Deux jours plus tard... au soleil couchant…  
 
L’action se déroule sur le pont de goélette à trois mâts (La Salamandre) qui vient de franchir les eaux de la Cité de Hârșova  située dans le județ de Constanța (Roumanie) 
 
Dona Crina d’Alba est allongée sur une Chaise transat, tandis que Roberto réfléchit, les bras accoudés à la rampe, la valise rouge reposant à ses pieds sur laquelle est incrustée une petite fenêtre… 
Patzy (La petite chatte aux grands yeux verts) est endormie près de la valise rouge… 
 
A travers le hublot d’une cabine située sur le pont de la goélette, on aperçoit la Dame Inconnue placée derrière une petite table tenant le livre d’or dans ses mains… 
Un panneau accroché à la porte de la cabine indique : « Entrée interdite »…  
LA DAME INCONNUE, placée dans la cabine, le livre d’or dans ses mains, lit à haute voix « Le lendemain soir, le navire marchand fit une courte halte au pied de l’ancienne  garnison antique de Carsium plus communément appelé «Hârșova » et y déposa Ciprian et Mălina. Le violoniste se rendit aussitôt chez son vieil ami le berger pour lui présenter la dame de son coeur. Le berger leur proposa l'hospitalité dans son humble demeure pour une durée indéterminée, en contrepartie de quoi le jeune couple se proposa de l'aider dans ses tâches  quotidiennes. Tandis que Ciprian conduira chaque matin le troupeau de moutons au pâturage, Mălina s’occupera de l’entretien de la maison. La nouvelle vie du violoniste et de l’ancienne fille du phare allait se dérouler dans une atmosphère de douceur... »  
 
 
Peu après, Dona Crina d’Alba (toujours allongée dans la chaise transat)  
s’adresse a Roberto… 
 
 
 
DONA CRINA D’ALBA Quelque chose ne va pas, Roberto? Vous semblez inquiet. 
 
ROBERTO (Chapeau noir, chemise blanche et gilet noir) 
Je suis surtout inquiet pour monsieur le Comte qui ne mange plus depuis deux jours. 
 
DONA CRINA D’ALBA Le pauvre homme se sent abandonné depuis le jour où sa belle inconnue n’a plus répondu à ses avances.  
 
ROBERTO (Chapeau noir, chemise blanche et gilet noir) 
Il se consolera dans les bras d’une autre femme.  
 
DONA CRINA D’ALBA La dame inconnue n’est pas une femme comme les autres. 
 
ROBERTO (Chapeau noir, chemise blanche et gilet noir) 
Qu’a-t-elle de si spéciale ?... vous la connaissez? 
 
DONA CRINA D’ALBA Je ne la connais pas personnellement, mais Martisoara m’a beaucoup parlé d’elle. C’est ainsi que j’appris que cette dame inconnue vivait dans un joli domaine situé à deux pas du château de Monsieur le Comte.  
 
ROBERTO (Chapeau noir, chemise blanche et gilet noir) 
Ils étaient voisins. J’en apprends un peu plus chaque jour. 
 
DONA CRINA D’ALBA Le Comte se rendait régulièrement chez elle pour assister à des séances de lecture. J’ai ouïe dire que Son Altesse était passionnée de littérature.  
 
ROBERTO (Chapeau noir, chemise blanche et gilet noir) 
Son Altesse, dites-vous?!... 
 
DONA CRINA D’ALBA Ce qui eut pour effet d’entousiasmer le Comte qui portait en elle tous ses espoirs, jusqu’au jour où... 
 
ROBERTO (Chapeau noir, chemise blanche et gilet noir) 
Jusqu’au jour où quoi?... 
 
DONA CRINA D’ALBA Jusqu’au jour où ce dernier finit par la décevoir.  
 
Soudain, Tsitsi (Ţiţi -Chat gris) dépasse la tête de la fenêtre incrustée dans la valise rouge... 
 
TSITSI (Ţiţi -Chat gris) 
Je peux sortir de cette valise rouge, Roberto?... j’étouffe à l’intérieur. 
 
Patzy (La petite chatte aux grands yeux verts) se réveille et déplace sur le pont de la goélette... 
 
ROBERTO (Chapeau noir, chemise blanche et gilet noir) 
Pas encore, Tsitsi! (…) Je vous en prie, Dona Crina d’Alba… poursuivez! 
 
DONA CRINA D’ALBA Au printemps dernier, Monsieur le Comte s’enticha d’une serveuse qu’il venait de rencontrer au cours d’une soirée se déroulant dans un château en Transylvanie.  
 
ROBERTO (Chapeau noir, chemise blanche et gilet noir) 
Intéressant. 
 
DONA CRINA D’ALBA Mais en réalité, il s’agissait d’une vieille connaissance qu’il n’avait pas revue depuis la fin du siècle dernier.  
 
ROBERTO (Chapeau noir, chemise blanche et gilet noir) 
Où se trouve ce château précisément ?... 
 
DONA CRINA D’ALBA Précisément là où vous aviez décidé de poursuivre l’écriture de vos mémoires à l’abri des regards du monde. En effet, le hasard voulut que le Comte y séjourne en même temps que vous. Je me trouvais également sur les lieux, mais je ne voulais pas vous déranger pour ne point vous perturber dans vos travaux d’écriture. Au cours d’une Surprise Party organisée par le gérant du château, j’ai croisé Sylvestre et Martisoara, tous deux ayant été engagés pour assurer le service.  
 
Soudain, Tsitsi (Ţiţi -Chat gris) dépasse la tête de la fenêtre incrustée dans la valise rouge... 
 
TSITSI (Ţiţi -Chat gris) 
Et maintenant, Roberto, je peux sortir de la valise ?... 
 
ROBERTO (Chapeau noir, chemise blanche et gilet noir) 
Patience, mon garçon! (…) Poursuivez, Dona Crina d’Alba ! 
 
DONA CRINA D’ALBA Durant cette folle soirée, si je puis dire, une poignée d’hommes fortement alcoolisés, et dont faisait partie le Comte, se disputait les charmes de Juliette la serveuse. Cette fille ne vous dit rien, Roberto ?  
 
ROBERTO (Chapeau noir, chemise blanche et gilet noir) 
Non. 
 
Patzy (La petite chatte aux grands yeux verts) se place à hauteur de la valise rouge... 
PATZY (La petite chatte aux grands yeux verts) Juliette était trop super !  
 
DONA CRINA D’ALBA Elle t’a marqué à toi aussi, ma fille! 
 
Le Comte de la Bouche-En-Biais surgit sur le pont de la goélette, sa canne à la main et une fleur rouge épinglée à son peignoir… 
 
LE COMTE (Peignoir marron) 
Par pitié, mes amis, ne prononcez plus jamais le prénom de cette femme qui a brisé ma vie!  
 
 
ROBERTO (Chapeau noir, chemise blanche et gilet noir) 
Une rose de perdue, c’est dix de retrouvée, Monsieur le Comte. 
LE COMTE (Peignoir marron) 
L’heure n’est pas à la plaisanterie, Roberto. Je fais des cauchemars toutes les nuits à cause de cette maudite Juliette.  
 
ROBERTO (Chapeau noir, chemise blanche et gilet noir) 
Courage, mon ami! Ce ne sera bBientôt plus qu’un mauvais souvenir.  
 
Le Comte s’agenouille...  
 
LE COMTE (Peignoir marron), agenouillé 
« C’est le temps des roses qui meurent, Meurent dans les jardins et meurent en moi Elles, qui étaient si pleines de joie, Maintenant s’éteignent sans vigueur. 
E vremea rozelor ce mor, Mor în grădini şi mor şi-n mine -Şi-au fost atât de viaţă pline, Şi azi se sting aşa uşor. 
 
Partout, un frisson demeure. Un deuil est en qui que ce soit. C’est le temps des roses qui meurent, Meurent dans les jardins, et meurent en moi. 
În tot, se simte un fior. O jale e în orişicine. E vremea rozelor ce mor, Mor în grădini, şi mor şi-n mine. 
 
Sous le crépuscule sans lueur, Des cohues de soupirs en dérive, Et lors de la grande nuit qui arrive Elles penchent leur front avec douceur... 
Pe sub amurgu-ntristător, Curg vălmăşaguri de suspine, Şi-n marea noapte care vine Duioase-şi pleacă fruntea lor…-  
C’est le temps des roses qui meurent E vremea rozelor ce mor. » 
 
Alexandru A. Macedonski (Rondelul rozelor ce mor - Le rondeau des roses qui meurent) 
Le Comte se relève, déboucle la fleur rouge de son peignoir, puis la jette délicatement dans le fleuve… 
 
PATZY (La petite chatte aux grands yeux verts) Tu viens, Tsitsi, on va s’amuser ! 
 
Tsitsi (Ţiţi -Chat gris) bondit hord de la valise rouge… 
 
TSITSI (Ţiţi -Chat gris) 
C’est cool !  
 
Un nuage de fumée bleue envahit les lieux… 
 
FIN DE LA SCENE 2 
 
 
 
 
 
ACTE 1 – SCENE 3 
Le nuage de fumée bleue se dissipe…  
Quelques temps plus tard... en début de matinée…  
L’action se déroule sur le pont de la Salamandre (Goélette à trois mâts) qui a jeté l’ancre dans les eaux de la Cité de Silistra située sur la rive sud du Danube dans la partie nord-est de la Bulgarie (Région du sud Dobroudja) 
La goélette se trouve à hauteur de la forteresse  Durostorum datant de 29 après JC...  
Patzy (La petite chatte aux grands yeux verts) joue sur le pont… 
A travers le hublot d’une cabine située sur le pont de la goélette, on aperçoit la Dame Inconnue placée derrière une petite table tenant le livre d’or dans ses mains… 
Un panneau accroché à la porte de la cabine indique : « Entrée interdite »…  
LA DAME INCONNUE, placée dans la cabine, le livre d’or dans ses mains, lit à haute voix  
« Quelques temps plus tard, Ciprian et Mălina se marièrent à l’église de Hârșova en présence de leur vieil ami et hôte. Une fois les noces célébrées, le vieil homme leur offrit une barque en bois de frêne fabriquée de ses propres mains et leur proposa d’effectuer un voyage de noces sur le Danube tout en les remerciant pour le travail accompli à ses côtés. A la fois surpris et étonnés, les jeunes mariés voulurent en savoir davantage de la bouche de cet homme qui, jusque-là, s’était tenu très secret sur sa vie. En effet, Mălina et le jeune violoniste venaient de passer une bonne partie de l’été chez un vieil homme dont il ne connaissait finalement pas grand chose de sa vie. Le vieil homme leur raconta une histoire dont les faits remontaient à une  époque très lointaine où il envisageait alors de faire un long voyage sur le fleuve en compagnie de sa tendre épouse, laquelle disparut malheureusement deux jours avant leur départ pour des raisons inexpliquées. Le lendemain matin, Ciprian le violoniste et Mălina prirent place à bord de la barque qui s’apprêtait à voguer en direction de Turnu Severin, emportant avec eux une grosse malle contenant des effets personnels, divers accessoirs, des victuailles pour la route, ainsi qu’une canne à pêche. D’un geste de la main, le vieil homme salua les jeunes mariés en leur souhaitant beaucoup de joie dans leur vie... » 
 
La dame inconnue referme le livre d’or… 
Une légère bise matinale souffle ensuite… 
Le Comte de la Bouche-En-Biais (Peignoir marron) sort d’une cabine avec une coupe de vin dans une main et dans l’autre sa canne… 
Le Comte (Pensif) contemple la forteresse  Durostorum… 
 
Soudain, l’écho d’une voix jaillit hors de la forteresse  Durostorum... 
 
L’ECHO DE LA VOIX, jaillit hors de la forteresse  Durostorum 
« Tel brille le matin sur le trône, qui le soir gît dans la poussière.» (Sénèque) 
 
 
LE COMTE (Peignoir marron), se parlant à lui-même 
Je veux bien le croire! Voyez, je ne ressemble plus à rien depuis que la belle inconnue s’en est allée. 
 
L’ECHO DE LA VOIX, jaillit hors de la forteresse  Durostorum 
« Personne ne peut porter longtemps le masque.»  (Sénèque) 
 
LE COMTE (Peignoir marron), se parlant à lui-même 
Je me suis présenté tel que j’étais, je ne lui ai jamais caché les sentiments que j’éprouvais pour elle.  
 
L’ECHO DE LA VOIX , jaillit hors de la forteresse  Durostorum 
« Quel bonheur de rencontrer des cœurs qui charment nos ennuis par les agréments de leur conversation !» (Sénèque) 
 
LE COMTE (Peignoir marron), se parlant à lui-même 
J’avoue que sa présence me manque. Chaque soir, nous avions pris pour habitude de contempler les étoiles une coupe de vin à la main. C’était le bonheur assurée!  
 
L’ECHO DE LA VOIX , jaillit hors de la forteresse  Durostorum 
« En toutes choses l'excès est un vice. » (Sénèque) 
 
LE COMTE (Peignoir marron), se parlant à lui-même 
Ce soir-là, ce qui me fut reproché par la dame inconnue n’est pas tant le fait d’avoir consommé de l’alcool, mais plutôt le fait de m’être laissé séduire par une serveuse qui s’est bien jouée de moi. Ce que j’ai pu être idiot !  
 
L’ECHO DE LA VOIX , jaillit hors de la forteresse  Durostorum 
 « Le vice est un mal contagieux. » (Sénèque) 
 
LE COMTE (Peignoir marron), se parlant à lui-même On ne m’y reprendra plus, c’est juré! 
L’ECHO DE LA VOIX , jaillit hors de la forteresse  Durostorum 
« Le Temps n'est qu'un instant présent, qui oublie le passé ne saurait comprendre l'avenir. » (Sénèque) 
 
LE COMTE (Peignoir marron), se parlant à lui-même 
Je retiendrai la leçon la fois prochaine. 
 
L’ECHO DE LA VOIX , jaillit hors de la forteresse  Durostorum 
« Que notre vie se maintienne entre les bonnes mœurs et la coutume.»  
(Sénèque) 
 
Soudain, Sylvestre (Le facteur) et Martisoara (Cheveux roux tressés) sortent d’une cabine, puis se déplacent sur le pont très enjoué… 
 
SYLVESTRE (Le facteur) 
« L’été étincelant  
Est venu maintenant.  
Tous les arbres sont en fête  
Les fleurs des tilleuls, de jolies têtes  
(Dans les tilleuls, il y a des fleurs l’une près de l’autre)  
 
Vara cea strălucitoare  
A venit acum.  
Toţi pomii sunt în sărbătoare  
In tei stă floare lângă floare.  
 
Quand le matin surgit,  
Le champ entier rajeunit.  
Le soleil de feu est brûlant,  
La terre entière réchauffante.  
 
Când dimineaţa se iveşte,  
Tot câmpul parcă întinereşte.  
Arde soarele de foc,  
Încălzind pământul tot.”  
Andreea Pîrvu , VI-B Collège Ştefan Velovan, Craiova – Professeur coordinateur : Maria Miflor (15.10.10) POEME 14 (La joie de l’été (Bucuria verii) )- Concours « Poèmes Pour France 2010-2011 » - site web « Emilien Casali populus » - http://emiliencasali.populus.ch/ – Rubrique : Poèmes 2006-2019 
 
MARTISOARA (Cheveux roux tressés)  
La chance d'aimer la planète bleue,  
La chance de regarder le soleil,  
La chance de sourire les matins,  
La chance de respirer les parfums,  
La chance de rêver,  
La chance d'être amoureux,  
La chance d'être homme  
Dans un carrousel nommé Univers, 
La chance d'admirer le Petit Prince  
Qui a aimé jusqu'aux larmes sa rose...  
La chance de vivre chaque jour  
Une autre symphonie de couleurs,  
La chance d'avoir des amis  
Et de partager les rêves,  
La chance d'être moi-même,  
Une jeune fille  
Qui te donne sa main  
Dans un geste d'amitié !  
Iancu Madalina Denisa Ecole Sandra 29, Sandra,  
Jud. Timis – Roumanie (Professeur Corina Fenichiu) (16.09.2008) 
POEME 1 (Quelle chance !) - Concours « Poèmes Pour France 2008-2009 » - site web « Emilien Casali populus » - http://emiliencasali.populus.ch/  
– Rubrique : Poèmes 2006-2019 
 
 
Le lieutenant Poponetz surgit à bord d’un canoë sans que personne ne le remarque, puis grimpe sur le pont à l’aide d’une échelle... 
 
LE LIEUTENANT POPONETZ (Fantôme) 
Haut les mains! Personne ne bouge! 
 
SYLVESTRE (Le facteur) 
Ça par exemple ! Ne me dites pas que c’est lui?  
 
MARTISOARA (Cheveux roux tressés) 
Que fait-il ici ?  
 
LE LIEUTENANT POPONETZ (Fantôme) 
Je ne vous ai pas trop manqué ?  
MARTISOARA (Cheveux roux tressés) 
Je parie qu’il va encore nous chercher des poux. 
 
SYLVESTRE (Le facteur) 
La vie est belle, Lieutenant Poponetz ?  
 
LE LIEUTENANT POPONETZ (Fantôme) 
Je vois que monsieur Sylvestre ne m’a pas oublié. 
 
SYLVESTRE (Le facteur) 
Mon Lieutenant est quelqu’un d’exceptionnel, au point de marquer les esprits.  
 
LE LIEUTENANT POPONETZ (Fantôme) 
C’est ce que ma femme me dit souvent. C’est très réconfortant.  
 
SYLVESTRE (Le facteur) 
Vous devriez créer un fan Club, mon lieutenant.  
 
LE LIEUTENANT POPONETZ (Fantôme) 
Ma femme me le suggère également. 
 
SYLVESTRE (Le facteur) 
Votre femme se porte bien depuis l’autre jour ? 
 
LE LIEUTENANT POPONETZ (Fantôme) 
Elle se porte à merveille, merci. Nous avons décidés de passer quelques jours à Silistra pour fêter notre vingtième anniversaire de mariage.  
 
SYLVESTRE (Le facteur)  
Toutes mes félicitations, Lieutenant Poponetz.  
 
MARTISOARA (Cheveux roux tressés) 
Quel bon vent vous amène, Lieutenant Poponetz ?… d’après ce que j’ai compris, vous n’êtes pas dans l’exercice de vos fonctions.  
 
LE LIEUTENANT POPONETZ (Fantôme) 
Je compte offrir une croisière sur le Danube à ma femme.  
 
MARTISOARA (Cheveux roux tressés) 
Vous mentez comme vous respirez, Lieutenant !  
 
LE LIEUTENANT POPONETZ (Fantôme) 
Qu’est-ce qui vous permet de dire cela, Madame? 
 
MARTISOARA (Cheveux roux tressés) 
Un beau matin d’été, vous débarquez à l’improviste sur le pont d’une goélette privé sans avoir au préalable obtenu la permission... et puis, soudain, il vous vient à l’esprit d’emmener votre femme en croisière sur le Danube. Tout cela n’est pas très clair !?… Ou bien vous vous moquez du monde, ou bien vous nous cachez quelque chose d’important ?…  
 
LE LIEUTENANT POPONETZ (Fantôme) 
Ou bien les deux ?…  
 
MARTISOARA (Cheveux roux tressés) 
Votre marque de fabrique. 
 
LE LIEUTENANT POPONETZ (Fantôme) 
Pour ne rien vous cacher, je passe une moitié de mon temps en vacances avec ma femme et l’autre moitié en service recommandé pour mon fan club bulgare qui profitent de ma présence sur son territoire pour me confier des petites missions de contrôle visant à intercepter des clandestins qui franchissent illégalement la frontière par voie fluviale. 
 
LE COMTE (Peignoir marron) Comme toujours, vous joignez l’utile à l’agréable, Lieutenant Poponetz.  
LE LIEUTENANT POPONETZ (Fantôme) 
Quelle joie de vous revoir, Monsieur le Comte ! Si j’avais su que vous vous trouviez à bord de cette charmante goélette, je vous aurais fait livrer une cargaison de bouteilles de Champinelle. Car, c’est bien avec ce vin que aimez vous soûler toute la journee et plus particulièrement les soirs de fête ? 
 
LE COMTE (Peignoir marron) C’est cela, traitez-moi d’ivrogne !  
 
LE LIEUTENANT POPONETZ (Fantôme) 
L’autre jour, je vous ai quitté avec un verre à la main et aujourdhui, trois mois plus tard, je vous retrouve encore avec un verre à la main. J’en déduis qu’il s’agit du même verre ! 
 
LE COMTE (Peignoir marron) Je ne sais pas ce qui me retient de vous botter les fesses....  
 
Le Comte menace le lieutenant avec sa canne... 
 
LE LIEUTENANT POPONETZ (Fantôme) 
La serveuse du château n’est pas venue avec vous ?  
 
LE COMTE (Peignoir marron) Je ne vois vraiement pas de qui vous voulez parler ? 
 
LE LIEUTENANT POPONETZ (Fantôme) 
Juliette a passé toute la soirée dans vos bras.  
 
LE COMTE (Peignoir marron)  
Ma vie privé me regarde, Lieutenant.  
 
LE LIEUTENANT POPONETZ (Fantôme) 
Juliette est à l’origine de tous vos maux.  
 
LE COMTE (Peignoir marron) 
De quoi vous mêlez-vous?  
 
LE LIEUTENANT POPONETZ (Fantôme) 
La belle inconnue s’inquiète pour votre santé, Majesté.  
 
LE COMTE (Peignoir marron)  
Où est-elle ?… que fait-elle?… Dites-le moi!  
 
LE LIEUTENANT POPONETZ (Fantôme) 
Vous feriez bien d’aller cuver votre vin dans votre cabine avant que l’envie me prenne de vous dresser un procès verbal pour ivresse sur la voie publique. 
 
SYLVESTRE (Le facteur) 
Ne faites pas d’esclandre, Mister Comte ! Retournez dans votre cabine !  
 
Sylvestre entraine le Comte jusqu’à sa cabine... 
 
MARTISOARA (Cheveux roux tressés) 
Vous feriez mieux de vous en aller, Lieutenant Poponetz. Mes amis et moi souhaiterions passer des vacances sereinement. Et puis, il faut que je vous avoue quelque chose : ce genre de croisière n’est pas faite pour vous. En cours de route, iI pourrait prendre l’envie à quiconque de vous jeter par dessus bord. 
 
 
LE LIEUTENANT POPONETZ (Fantôme) 
Je vous donne une heure pour lever l’ancre. Passé ce délais, je serai dans l’obligation de faire saisir votre goélette. pour mise en danger des passagers, à savoir, pour non port d’un chapeau en plein soleil.  
 
 
MARTISOARA (Cheveux roux tressés) 
C’est totalement absurde ! Je conteste ce chef d’accusation!  
 
LE LIEUTENANT POPONETZ (Fantôme) 
Le week-end dernier, ma femme m’a fait la même remarque que vous. Je venais de lui coller un procès verbal pendant qu’elle passait la tondeuse à gazon dans notre jardin. Et savez-vous pourquoi ?… pour non port du casque . Bonnes vacances!  
 
Le Lieutenant Poponetz se retire dans sa barque...  
 
 
 
 
Un nuage de fumée rose envahit les lieux… 
 
FIN DE LA SCENE 3 
 
 
 
 
 
 
ACTE 1 – SCENE 4 
 
Le nuage de fumée rose se dissipe…  
 
La scène se déroule sur le ponton d’une berge au bord du Danube entre les cités de Giurgiu et Corabia … Un petit sentier boisé rejoint la berge… 
Mălina est assise sur le ponton de la berge, les pieds dans l’eau… 
 
La nuit vient de tomber… 
 
Soudain, Ciprian surgit du sentier en jouant du violon... 
 
 
CIPRIAN, chante un poème en jouant du violon Ma belle, 
tes yeux sont si noirs que le soir, 
lorsque je pose ma tête sur tes genoux, 
ô si profonds tes yeux 
qu'ils me semblent être la source 
d'où s'écoule la nuit mystérieuse, sur les montagnes, 
vers les vallées, de par les plaines, 
jusqu'à recouvrir la terre 
d'on océan de ténèbres. 
Si noirs tes yeux, 
ma lumière. 
Lucian Blaga (La source de la nuit - Izvorul nopţii - Poezii/Poésies) 
 
Frumoaso, 
ţi-s ochii-aşa de negri încât seara 
când stau culcat cu capu-n poala ta 
îmi pare 
că ochii tăi, adânci, sunt izvorul 
din care tainic curge noaptea peste văi 
şi peste munţi şi peste seşuri 
acoperind pământul 
c-o mare de-ntuneric. 
Aşa-s de negri ochii tăi, 
lumina mea. Lucian Blaga (La source de la nuit - Izvorul nopţii - Poezii/Poésies) 
Ciprian s’arrête de jouer et dépose le violon sur le sol... 
Mălina se lève, accourt au-devant de Ciprian et lui saute au cou… 
 
MĂLINA, pendue au cou de Ciprian 
Te voilă enfin de retour, mon époux !  
 
CIPRIAN Femme, 
quelle mer portes-tu dans le coeur et qui es-tu ? 
Ô, que s'élève encore une fois le chant de ton désir, 
j'écouterai ta voix 
et chaque instant sera comme un bourgeon gonflé 
où fleurit en vérité – l'éternité. Lucian Blaga (Poèmes de la lumière-Poemele luminii - Femme-Femeie) 
 
Femeie, 
ce mare porţi în inimă şi cine eşti? 
Mai cântă-mi înc-o dată dorul tău, 
să te ascult 
şi clipele să-mi pară nişte muguri plini, 
din care înfloresc aievea – veşnicii. Lucian Blaga (Poèmes de la lumière-Poemele luminii – Femme-Femeie) 
 
MĂLINA, pendue au cou de Ciprian 
Eu te-am iubit întotdeauna. Din liniştitul început 
Şi până-n ceasul de acuma, mai sumbru şi mai învrăjbit, 
Ca un refren ce te subjugă, şi-l tot repeţi deşi-i ştiut, 
Iubirea ta mângâietoare în sufletu-mi a dăinuit. 
 
Te voi iubi întotdeuna. Din ceasu-acesta care-mi scapă 
Şi până-n viitor când timpul, nepăsător, victorios, 
Îşi va goli clepsidra toată, la cea din urmă-a mea etapă, 
În inimă îmi va rămâne amorul nostru luminos. 
 
Iar mai departe, sub ţărâna, în care trupu-o să coboare 
Spre a putea dormi mai bine, vreau să te port cu mine-n gând, 
Iar cei ce-mi vor călca cenuşa cu inima nepăsătoare, 
De-or fi pe nume să te cheme, sub paşi mă vor simţi vibrând.  
 
Elena Văcărescu   (Dragoste eternă)    
 
CIPRIAN Avide je bois ton parfum et je prends ton visage 
entre mes mains comme on serre 
en son âme un miracle. 
Si proches l'un de l'autre, tes yeux dans mes yeux, que c'en est brûlure. 
Et pourtant tu murmures à mon oreille que je te manque. 
Mystérieuse et hantée de désir tu m'appelles comme si je vivais 
exilé sur une autre planète. 
Lucian Blaga (Dorul-Le désir- Poezii/Poésies) 
 
Seţos îţi beau mirasma şi-ţi cuprind obrajii 
cu palmele-amândouă, cum cuprinzi 
în suflet o minune. 
Ne arde-apropierea, ochi în ochi cum stăm. 
Şi totuşi tu-mi şopteşti: "Mi-aşa de dor de tine!" 
Aşa de tainic tu mi-o spui şi dornic, parc-aş fi 
pribeag pe-un alt pământ. Lucian Blaga (Dorul-Le désir- Poezii/Poésies) 
 
MĂLINA 
Simt dulce mâna-ţi dragă în mâinile-mi febrile! 
Lin, degetele tale le-ating, de catifea,. 
Năvalnice extaze mă copleşesc, subtile, 
Şi fire nevăzute mă-nlănţuie de ea. 
Când simt că tremur, mâna-ţi nădejdea îmi trezeşte, 
Şi soarta grea mai lesne o pot întâmpina; 
Oricât de-adâncă-i rana ce-n sânul meu dospeşte, 
Durerea să-mi aline, mi-ajunge mâna ta. 
Când sufăr, câteodată, de mângâiere plină, 
O simt cum se aşază pe fruntea-mi, ca un scut. 
Şi fruntea-mi ce spre mâna-ţi, pioasă, se înclină, 
Roşeste, ca în ziua întâiului sărut. 
Atunci, trecuta vană splendoare parcă-nvie; 
Aş vrea să-mpart cu tine şi drumul cel mai greu, 
Spre orice ţel, prin noaptea cu bezna ei pustie, 
Doar de-aş putea de mână să mi te ţin mereu! 
Elena Văcărescu   (Mâna ta)   
 
Un nuage de fumée bleue envahit les lieux… 
 
FIN DE LA SCENE 4 
 
 
 
 
 
ACTE 1 – SCENE 5 
Séquence 1 
 
Le nuage de fumée bleue se dissipe…  
Quelques temps plus tard...  
 
La « séquence 1 » se déroule dans les eaux de la cité de Calafat située dans le Judet de Dolj en Roumanie... 
 
En fin de journée… Le ciel est gris et menaçant…VL’orage gronde...  
La Salamadre (goélette) surgit à hauteur d’un pont qui relie la cité de Calafat à celle de Vidin en Bulgarie... 
A travers le hublot d’une cabine située sur le pont de la goélette, on aperçoit seulement la petite table…  
Roberto est placé à la proue du bateau... 
Personne n’est présent sur le pont de la goélette... 
Le vent souffle très fort…  
ROBERTO (Chapeau noir, chemise blanche et gilet noir), placé à la proue du bateau Cânta un matelot la proră, Şi imnul lui solemn plutea Pe-ntinsul Mării Marmara, 
Ca-ntr-o cetate spaniolă, 
Când orologiul din cupolă 
Anunţă fiecare oră 
Printr-un preludiu de mandolă… 
Cânta un matelot la proră 
Şi marea nu-l înţelegea. 
Cânta un matelot la proră… 
Un singur matelot cânta. 
Şi totuşi vocea lui sonoră 
Părea, pe iahtul ancorat, 
Un cor solemn de preoţi tineri, 
Ce-ngroapă-n noaptea Sfintei Vineri 
Un nou profet crucificat 
Pe-o nouă Golgota… 
Cânta un matelot la proră 
Şi-ntregul echipaj dormea. 
Cânta un matelot la proră, 
Dar ce lunatic l-asculta 
Şi cine cântu-i repeta 
Din largul Mării Marmara, 
Când mateloţii toţi dormeau 
Şi marea nu-l înţelegea ?… 
Cânta un matelot la proră 
Şi-n larg sirenele plângeau !…* 
 
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Chantait un matelot à proue. 
Et l’hymne solennel vogua 
Au large, en Mer de Marmara, 
Comme dans une cité espagnole 
Lorsque l’horloge de la coupole 
Ouvrait des heures le verrou 
Par un prélude de mandole… 
Chantait un matelot à proue, 
La mer jamais ne comprendra. 
Chantait un matelot à proue… 
Un matelot tout seul chantait. 
Et cependant son timbre doux 
Semblait, sur le navire ancré, 
Celui d’un choeur de jeunes frères 
Qui le Vendredi Saint enterrent 
Leur grand prophète, crucifié 
Au dur sommet de son Calvaire… 
Chantait un matelot à proue 
Tandis que l’équipage dormait. 
 
Chantait un matelot à proue, 
Mais quel nocturne l’écoutera 
Et qui son chant répétera 
Du large de Mer de Marmara, 
Quand tous les matelots dormaient ? 
La mer jamais ne comprendra… 
  
Chantait un matelot à proue. 
Au large, choeur de sirènes pleurait !…* 
Ion Minulescu (Chantait un matelot...)   
 
Soudain, un cyclone  surgit sur le Danube et emporte la goélette avec lui... 
Un nuage de fumée rose envahit les lieux… 
 
FIN DE LA SEQUENCE 1 
 
----------------------------- 
 
SEQUENCE 2 
 
Quelques heures plus tard... 
La « séquence 1 » se déroule sur la plage de sable de la cité de Calafat située dans le Judet de Dolj en Roumanie...…  
 
En soirée… ciel nuageux et temps frais… vent léger... 
Entre temps, la goélette a échoué sur une plage déserte du Danube… 
 
Les passagers de la Salamadre (goélette) sont assis autour d’un feu : 
Roberto, Dona Crina d’Alba, Sylvestre, Martisoara, le Comte de la Bouche-en-Biais, Patzy (La petite chatte aux grands yeux verts) et Tsitsi (Ţiţi -Chat gris)se tiennent sagement au coin du feu…  
 
Roberto est assis sur la valise rouge...  
Le Comte joue de la mandoline... 
 
 
MARTISOARA (Cheveux roux tressés) 
Eh bien, chers Compagnons, si l’on m’avait dit que cette croisière sur le Danube finirait par s’échouer sur une plage de Calafat, je ne l’aurais jamais cru. 
 
SYLVESTRE (Le facteur) 
Ce n’est pas la première fois que la Salamandre se trouve en mauvaise posture. L’essentiel est que nous soyons toujours vivant.  
 
ROBERTO (Chapeau noir, chemise blanche et gilet noir) 
C’est l’occasion de méditer au coin d’un feu. N’est-ce pas merveilleux? 
 
DONA CRINA D’ALBA Exactement. Prenons la vie du bon côté.  
 
MARTISOARA (Cheveux roux tressés) 
Quand je pense que nous sommes déjà en septembre. L’été est passé trop vite. 
 
SYLVESTRE (Le facteur) 
Nous sommes au début de l’automne météorologique.  
 
LE COMTE (Peignoir marron), joue de la mandoline Le soleil s'est couché ce soir dans les nuées ; 
Demain viendra l'orage, et le soir, et la nuit ; 
Puis l'aube, et ses clartés de vapeurs obstruées ; 
Puis les nuits, puis les jours, pas du temps qui s'enfuit ! 
Tous ces jours passeront ; ils passeront en foule 
Sur la face des mers, sur la face des monts, 
Sur les fleuves d'argent, sur les forêts où roule 
Comme un hymne confus des morts que nous aimons. 
Et la face des eaux, et le front des montagnes, 
Ridés et non vieillis, et les bois toujours verts 
S'iront rajeunissant ; le fleuve des campagnes 
Prendra sans cesse aux monts le flot qu'il donne aux mers. 
Mais moi, sous chaque jour courbant plus bas ma tête, 
Je passe, et, refroidi sous ce soleil joyeux, 
Je m'en irai bientôt, au milieu de la fête, 
Sans que rien manque au monde immense et radieux ! 
Victor Hugo, Les Feuilles d'Automne 
 
 
Puis la mandoline disparait des mains du Comte... 
 
 
MARTISOARA (Cheveux roux tressés) 
Quand pourra-t-on remettre la goélette à flot, Roberto? 
 
ROBERTO (Chapeau noir, chemise blanche et gilet noir) 
Avec un peu de chance, tout devrait rentrer dans l’ordre d’ici 48 heures. Bien que le cyclone n’ait pas fait trop de dégâts, je dois procéder à quelques vérifications pour autant.  
 
 
Soudain, les cordes d’un violon raisonnent...  
 
Le livre d’or apparait grand ouvert dans les main de Dona Crina d’Alba… 
 
Le chevalier Alioth (étoile de la Grande Ourse) éclaire donna Crina d’Alba… 
 
DONA CRINA D’ALBA, lit a haute voix « Comme chaque soir, la belle Mălina se tenait en haut du phare de Sulina attendant impatiemment l’arrivée d’un bateau marchand qui devait franchir la porte du delta du Danube avec à son bord Ciprian le violoniste au coeur d’or. En effet, depuis leur première rencontre sur le marché de la vieille cité portuaire autrefois fréquentée par les Byzantins, les Génois et autres habiles navigateurs, sans oublier les pirates qui sévissaient dans le coin, les deux jeunes amants avaient pris pour habitude de se donner rendez-vous au coucher du soleil afin de saluer leur union amoureuse, Ciprian se tenant sur le pont du navire muni de son précieux violon dont les cordes laissaient échapper des sons mélodieux qui raisonnaient dans le ciel étoilé de la Dobrogée. C’est alors que le mélodieux son s’échappant du violon de Ciprian vint se glisser à l’oreille de Mălina se tenant en haut du phare et qui, depuis près d’une demi-heure, semblait inquiète à l’idée de ne plus revoir le navire marchand qui transportait son amoureux. Comme il était de coutume depuis plusieurs décennies, le navire regagnait la porte du delta depuis la mer noire à une heure indiquée pour se glisser dans le bras du Danube et s’enfoncer ensuite à l’intérieur des terres de la Dobrogée, un exercice de navigation périlleux consistant à parcourir le fleuve d'aval en amont afin de livrer des marchandises à bon port. Du haut du phare, Mălina fut soulagée d’entendre à nouveau le doux son des cordes du violon se frayer un chemin sur un Danube silencieux. Soudain, Le navire s’arrêta à hauteur du phare. Après quoi , deux hommes apparurent à bord d’une petite embarcation. L’un ramait, tandis que le second jouait du violon, ce dernier fut aussitôt reconnu par la jeune femme du phare, n’étant autre que Ciprian, lequel sauta vigoureusement à terre lorsque l’embarcation atteignit la berge. Entre temps, Mălina était descendue du phare pour aller à la rencontre du violoniste au coeur d’or. Les deux amoureux s’enlacèrent sous la lune pleine qui jaillit du ciel au même instant. Par un beau matin d’été, la fille du phare et le violoniste embarquèrent à bord du navire marchand qui allait les conduire vers une destination inconnue à la recherche d’une nouvelle vie. Le navire se glissa dans le bras du Danube et parcourut le fleuve d'aval en amont. Les deux amoureux pouvaient enfin se projeter dans l’avenir. Quelques temps plus tard, le navire accosta dans le port de Galati pour une durée de 12 heures afin de livrer des marchandises. Peu avant le coucher du soleil, profitant de l’occasion qui leur était donnée, Ciprian et Mălina firent une promenade sur les berges du Danube bleu.  
L’avenir semblait rose pour les deux amoureux. Le lendemain soir, le navire marchand fit une courte halte au pied de l’ancienne  garnison antique de Carsium plus communément appelé «Hârșova » et y déposa Ciprian et Mălina. Le violoniste se rendit aussitôt chez son vieil ami le berger pour lui présenter la dame de son coeur. Le berger leur proposa l'hospitalité dans son humble demeure pour une durée indéterminée, en contrepartie de quoi le jeune couple se proposa de l'aider dans ses tâches  quotidiennes. Tandis que Ciprian conduira chaque matin le troupeau de moutons au pâturage, Mălina s’occupera de l’entretien de la maison. La nouvelle vie du violoniste et de l’ancienne fille du phare allait se dérouler dans une atmosphère de douceur. Quelques temps plus tard, Ciprian et Mălina se marièrent à l’église de Hârșova en présence de leur vieil ami et hôte. Une fois les noces célébrées, le vieil homme leur offrit une barque en bois de frêne fabriquée de ses propres mains et leur proposa d’effectuer un voyage de noces sur le Danube tout en les remerciant pour le travail accompli à ses côtés. A la fois surpris et étonnés, les jeunes mariés voulurent en savoir davantage de la bouche de cet homme qui, jusque-là, s’était tenu très secret sur sa vie. En effet, Mălina et le jeune violoniste venaient de passer une bonne partie de l’été chez un vieil homme dont il ne connaissait finalement pas grand chose de sa vie. Le vieil homme leur raconta une histoire dont les faits remontaient à une  époque très lointaine où il envisageait alors de faire un long voyage sur le fleuve en compagnie de sa tendre épouse, laquelle disparut malheureusement deux jours avant leur départ pour des raisons inexpliquées. Le lendemain matin, Ciprian le violoniste et Mălina prirent place à bord de la barque qui s’apprêtait à voguer en direction de Turnu Severin, emportant avec eux une grosse malle contenant des effets personnels, divers accessoirs, des victuailles pour la route, ainsi qu’une canne à pêche. D’un geste de la main, le vieil homme salua les jeunes mariés en leur souhaitant beaucoup de joie dans leur vie... » 
Le livre d’or disparaît des mains de Dona Crina d’Alba… 
 
 
FIN DE LA SEQUENCE 2 
 
Un nuage de fumée bleue envahit les lieux… 
 
FIN DE LA SCENE 5 
 
 
 
 
 
 
ACTE 1 – SCENE 6 
​  
Le nuage de fumée bleue se dissipe…  
 
72 heures plus tard… temps calme et pluvieux…  
En début de matinée... 
 
L’action se déroule sur le pont de la Salamandre (Goélette à trois mâts) qui se déplace sur le Danube entre la Cité de Gruia et la Cité de Țigănași, toutes deux situées dans județ de Mehedinți (Olténie)  
 
A travers le hublot d’une cabine située sur le pont de la goélette, on aperçoit la Dame Inconnue accoudée derrière une petite table, un stylo dans une main… 
 
Un panneau accroché à la porte de la cabine indique : « Entrée interdite »…  
 
Le Comte de la Bouche-En-Biais (Peignoir marron et canne à la main) est assis sur un tonneau qui repose à côté de la cabine en question... 
 
Le Comte de la Bouche-En-Biais est pensif... 
Soudain, la porte de la cabine s’ouvre... 
Le Comte sursaute... 
 
Patzy (La petite chatte aux grands yeux verts) sort de la cabine en tenant une enveloppe jaune à col rose dans une main... 
 
PATZY (La petite chatte aux grands yeux verts) 
C’est trop super, Mister Comte ! 
 
LE COMTE (Peignoir marron et canne à la main) Qu’y a-t-il, ma fille ? Pourquoi t’agites-tu autant? 
 
PATZY (La petite chatte aux grands yeux verts) 
De la part de Son Altesse ! Avec ses salutations distinguées ! 
 
Patzy tend l’enveloppe à Monsieur le Comte… 
Le Comte se saisit de l’enveloppe et l’ouvre aussitôt… 
 
Le Comte lit le message silencieusement… 
 
LA VOIX DE LA DAME INCONNUE, lit le message a voix haute Mai sunt încă roze,...mai sunt, Şi tot parfumate şi ele Aşa cum au fost şi acele Când ceru-l credeam pe pământ. 
 
Il y a encore des roses… il y en a assez, Elles aussi toujours embaumées Ainsi que celles qui étaient Quand le ciel sur la terre je croyais. 
 
Pe-atunci eram falnic avânt… Priveam, dintre oameni, spre stele;- Mai sunt încă roze...mai sunt- Şi tot parfumate şi ele. 
 
En ce temps-là quel élan fier j’étais... Parmi les humains vers les étoiles je regardais; Il y a encore des roses… il y a en assez Elles aussi toujours embaumées.  
 
Zadarnic al vieţii cuvânt A stins bucuriile mele, Mereu când zâmbesc uit, şi cânt, În ciuda cercărilor grele, 
 
En vain le mot de la vie A éteint mes allégresses, Quand je souris, je chante et j’oublie, Malgré les accablantes détresses, 
 
Mai sunt încă roze,...mai sunt. Il y a encore des roses… il y en a assez. Alexandru A. Macedonski (Rondelul rozelor de august - Le rondeau des roses d’aout)  
Un nuage de fumée rose envahit les lieux… 
 
FIN DE LA SCENE 6 
 
 
 
 
ACTE 1 – SCENE 7 
Séquence 1 
 
Le nuage de fumée rose se dissipe…  
Quelques heures plus tard... 
 
En début de matinée... 
 
La « séquence 1 » se déroule à hauteur d’une gigantesque cascade qui traverse une forêt dense située à hauteur de la Cité d’Orșova (județ de Mehedinți - Olténie) en Roumanie... 
 
Dona Crina d’Alba est assise sur un gros tronc d’arbre qui repose au bord de la cascade...  
 
Roberto est endormi près de la cascade, son chapeau noir lui recouvrant le  
visage... 
 
Patzy (La petite chatte aux grands yeux verts) s’agite à côté de Roberto... 
 
PATZY (La petite chatte aux grands yeux verts)  
Réveille-toi, Roberto!  
 
DONA CRINA D’ALBA N’insiste pas, Patzy! Il est seulement huit heures du matin. 
PATZY (La petite chatte aux grands yeux verts) 
Oui, et alors ? 
 
DONA CRINA D’ALBA Tu sais bien que Monsieur Roberto ne se réveille pas avant dix heures. Pour lui, la grasse matinée, c’est sacré !  
 
ROBERTO (Chapeau noir, chemise blanche et gilet noir) 
Tout dépend des jours, ma chère ! 
 
PATZY (La petite chatte aux grands yeux verts) 
Il s’est réveillé! Trop super !  
 
DONA CRINA D’ALBA Eh bien, ce n’était pas trop tôt! 
 
ROBERTO (Chapeau noir, chemise blanche et gilet noir) 
Que s’est-il passé?… où est ma valise ?… où est Tsitsi ?… 
 
Roberto se lève… 
 
PATZY (La petite chatte aux grands yeux verts) 
Ta valise est en sécurité !  
 
ROBERTO (Chapeau noir, chemise blanche et gilet noir) 
Où est Tsitsi ? 
 
PATZY (La petite chatte aux grands yeux verts) 
Il était encore là il y a dix minutes. 
 
ROBERTO (Chapeau noir, chemise blanche et gilet noir) 
Tsitsi! Tsitsi!  
 
Soudain, Tsitsi (Ţiţi -Chat gris) sort d’un sentier… 
TSITSI (Ţiţi -Chat gris) 
J’arrive !  
 
Tsitsi (Ţiţi -Chat gris) bondit dans les bras de Roberto… 
 
ROBERTO (Chapeau noir, chemise blanche et gilet noir) 
Comment vas-tu, mon lapin ?  
 
TSITSI (Ţiţi -Chat gris) 
Super cool ! Allons-y, Roberto, Nicolae nous attends chez lui pour prendre le petit déjeuner.  
 
ROBERTO (Chapeau noir, chemise blanche et gilet noir) 
Qui ça?  
 
DONA CRINA D’ALBA Un peintre qui s’est établi au coeur de cette forêt iI y a très longtemps afin d’y trouver la sérénité.  
 
ROBERTO (Chapeau noir, chemise blanche et gilet noir) 
Vous ne m’avez toujours pas dit où nous étions ? 
 
DONA CRINA D’ALBA D’après mes calculs, nous devrions nous trouver à la sortie de la Cité d’Orșova, pas très loin de la frontière Serbe.  
 
ROBERTO (Chapeau noir, chemise blanche et gilet noir) 
Que s’est-il passé au juste ?… où sont nos compagnons ?… n’étions-nous pas sensés faire une croisière sur le Danube à bord d’une goélette ?… à moins que ce ne soit mon imagination… 
 
DONA CRINA D’ALBA Nos compagnons vont très bien, rassurez-vous. Quant à notre croisière, celle-ci s’est brusquement interrompue, hélas, au moment où la Salamandre a franchi les rapides du Danube. Cela s’est produit cette nuit alors que tout le monde dormait dans sa cabine. En effet, notre goélette s’est fracassée contre des rochers, si bien que nous dûmes la quitter in extremis. Aussitôt après l’accident, nous fûmes pris en charge par la muse des bois qui nous conduisit chez le peintre Nicolae. En ce qui vous concerne, nous avions perdu votre trace. Vous avez probablement été éjecté du bateau au moment du choc. 
 
ROBERTO (Chapeau noir, chemise blanche et gilet noir) Je ne me souviens de rien. 
 
DONA CRINA D’ALBA Je suis partie à votre recherche toute la nuit, jusqu’à ce que je vous retrouve à l’aube gisant au pied de cette cascade.  
 
ROBERTO (Chapeau noir, chemise blanche et gilet noir) 
Vous auriez dû me réveiller plus tôt.  
 
LA MUSE DES BOIS 
Nous préférions respecter votre sommeil.  
 
ROBERTO (Chapeau noir, chemise blanche et gilet noir) 
Qui est cette femme légèrement vêtue, Dona Crina d’Alba ? 
 
DONA CRINA D’ALBA Mon cher Roberto, permettez-moi de vous présenter la muse des bois à qui nous devons une fière chandelle !  
 
ROBERTO (Chapeau noir, chemise blanche et gilet noir) 
Mes hommages, muse des bois! 
 
 
LA MUSE DES BOIS 
Votre petit déjeuner vous attend. Suivez-moi!  
 
saute dans les bras de Roberto… 
 
Patzy, Roberto, Tsitsi et Dona Crina d’Alba quittent les lieux en compagnie de la muse des bois qui emprunte un sentier lunmineux… 
 
Un nuage de fumée rose envahit les lieux… 
 
FIN DE LA SEQUENCE 1 
 
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SEQUENCE 2 
 
Le nuage de fumée rose se dissipe… 
 
Quelques instants plus tard... 
 
La « séquence 2 » se déroule dans une clairière au centre de laquelle repose un grand chalet en bois à deux étages… 
 
Le Comte de la Bouche-en-Biais (Peignoir marron) est assis sur une chaise confortable placée devant l’entrée du chalet, la canne dans une main et dans l’autre une coupe de vin… 
 
Sylvestre et Martisoara sont sur le balcon du chalet situé au deuxième étage… 
 
A travers la fenêtre d’une pièce située au premier étage du chalet, on aperçoit la Dame Inconnue qui tient le livre d’or dans ses mains… 
 
Nicolae le peintre se trouve dans une pièce située à l’opposé de la fenêtre de la Dame Inconnue, lequel peintre tient dans une main une palette et dans l’autre un pinceau avec lequel il peint un tableau… 
 
Soudain, la muse des bois sort du sentier , suivie Patzy, Roberto, Tsitsi et Dona Crina d’Alba… 
 
Martisoara et Sylvestre les saluent de la main...  
 
 
LE COMTE (Peignoir marron), la canne dans une main et dans l’autre une coupe de vin C’est seulement maintenant que vous arrivez, Roberto?… c’est dommage car vous avez manqué un bon repas : poulet fermier accompagné de pommes frites! 
 
ROBERTO (Chapeau noir, chemise blanche et gilet noir) 
Je me contenterai des os, Monsieur le Comte. 
 
LE COMTE (Peignoir marron), la canne dans une main et dans l’autre une coupe de vin Je regrette, mais Tsitsi a tout mangé !  
 
ROBERTO (Chapeau noir, chemise blanche et gilet noir) 
Je trouve Votre majesté très enjoué, ce matin!  
 
LE COMTE (Peignoir marron), la canne dans une main et dans l’autre une coupe de vin Et comment que je le suis ! Figurez-vous que j’ai retrouvé l’espoir ! 
 
DONA CRINA D’ALBA Quelques heures avant le naufrage, Monsieur le Comte a reçu une bonne nouvelle de la part d’une Dame inconnue. 
 
LE COMTE (Peignoir marron), la canne dans une main et dans l’autre une coupe de vin Elle m’a pardonné tous mes péchés! En rentrant au château, une fois les vacances terminées, j’enfilerai des souliers neufs et je me présenterai à elle sous un nouveau jour.  
 
ROBERTO (Chapeau noir, chemise blanche et gilet noir) 
Toutes mes felicitations, Majesté ! Ravie d’apprendre que vous avez retrouvé votre flamme d’autrefois! 
 
Nicolae le peintre, sorti du chalet un peu plus tôt, surgit dans l’allée avec la palette dans une main et le pinceau dans l’autre main… 
 
NICOLAE (Le peintre) 
Bonjour tout le monde ! C’est donc vous, Monsieur Roberto! Soyez le bienvenue chez moi ! 
 
ROBERTO (Chapeau noir, chemise blanche et gilet noir) Quel bel endroit que voilà ! 
 
NICOLAE (Le peintre) 
Je m’y suis établi il y a plus d’un siècle. Je cherchais le calme et la solitude pour pouvoir entreprendre la création de mes tableaux dont le dernier est en cours de finalisation. C’est que le Danube a la chance de pouvoir nous offrir des endroits magnifiques pour ce faire. Sans parler de son environnement... très inspirant pour les amoureux de la nature. Ici, voyez-vous, je laisse aller le temps, loin du tumulte de la civilisation. J’en profite aussi pour passer de bons moments auprès de ma tendre muse que j’aime à prendre pour modèle. Mais revenons à vous, Roberto ! Puis-je vous proposer un petit apéritif avant de déjeuner ?  
ROBERTO (Chapeau noir, chemise blanche et gilet noir) Ce n’est pas de refus !  
 
NICOLAE (Le peintre) Allons trinquer au joie du temps présent ! 
 
ROBERTO (Chapeau noir, chemise blanche et gilet noir) Et de quoi parle-t-il votre dernier tableau ?  
 
NICOLAE (Le peintre) Il évoque un souvenir qui remonte à une époque où j’allais pêcher au bord du Danube à quelques lieues de la ville d’Orșova. Ce jour-là, la coincidence voulut que je pêche en face de la sculpture rocheuse du roi Décébale… 
 
Un nuage de fumée bleu envahit les lieux… 
 
FIN DE LA SEQUENCE 2 
 
FIN DE LA SCENE 7 
 
 
 
 
 
ACTE 1 - SCENE 8  
 
Le nuage de fumée bleu se dissipe…  
 
La scène se déroule près de la ville d'’Orșova , à hauteur d’une sculpture rocheuse qui domine le Danube, mesurant 40 mètres de hauteur et 25 mètres de largeur, s’agissant de la tête du Roi Decebal (Chipul lui Decebal)… 
 
De l’autre côté du fleuve, on aperçoit un pêcheur faisant face à la sculpture du Roi Decebal ...  
 
Soudain, Ciprian apparait en jouant du violon sur un sentier menant à la sculpture du Roi Decebal, suivi de Mălina… 
 
CIPRIAN, chante un poème en jouant du violon 
Voix, la colline est bleue et déjà l'ombre agile 
A sur le blanc chemin répandu ses vapeurs, 
Les portes des maisons s'éclairent vers la ville, 
— Éva, soit sans orgueil, sans prudence et sans peur. 
 
MĂLINA, chante et danse 
Le soleil tout le jour a brûlé ta fenêtre, 
Tes bras étaient oisifs et ton cœur était lourd, 
— Voici l'heure où la force exquise va renaître, 
La lune est favorable aux rêveurs de l'amour. 
 
CIPRIAN, chante un poème en jouant du violon 
Viens dans le bois feuillu, sous la fraîcheur des branches. 
Ô pleureuse irritée et chaude du désir, 
La nature infinie et profonde se penche 
Sur ceux qui vont s'unir et souffrir de plaisir. 
 
MĂLINA, chante et danse 
Vois : c'est pour la joyeuse et grave défaillance 
Que l'air est de rosée et d'odeur embué, 
Les phalènes légers qui dansent en silence 
S'envolent doucement des buissons remués, 
 
CIPRIAN, chante un poème en jouant du violon  
Regarde ; la nature, âpre, auguste, éternelle, 
Que n'émeut point l'orgueil et le labeur humains. 
Palpite dans la nuit et s'éploie comme une aile 
Quand l'être cherche l'être au secret des chemins. 
 
MĂLINA, chante et danse 
Elle qui ne sait pas si sa vigne et ses pommes 
Suffiront aux besoins des travailleurs du jour, 
Elle tressaille et rit quand les enfants des hommes 
Se pressent dans son ombre aux saisons de l'amour. 
 
CIPRIAN, chante un poème en jouant du violon 
— Éva, les sucs, le miel, la sève et les résines 
Coulent dans le soir clair pour parfumer ton cœur, 
Cède au dessein divin du rêve qui chemine : 
Voici l'heure où la fleur s'incline sur la fleur. 
 
MĂLINA, chante et danse 
Les étoiles aux cieux s'allument une à une, 
Les feuillages mouvants se frôlent doucement, 
Les vagues de la mer se lèvent vers la lune, 
La plainte des oiseaux éclate par moment... 
 
CIPRIAN, chante un poème en jouant du violon  
— Éva, entre à ton tour dans la saison heureuse, 
Baigne ton cœur aux eaux vivaces du destin, 
Accepte sans trembler la lutte harmonieuse, 
L'abeille du désir ce soir joue sur le thym ; 
 
MĂLINA, chante et danse 
Vois, le monde infini te contemple et t'espère, 
— Sens-tu fluer vers toi les parfums d'alentours, 
Ton corps est cette nuit profond comme la terre, 
Ton cœur s'ouvre, s'élance et pleure : c'est l'amour… Anna de Noailles (Éva - Le cœur innombrable) 
Un nuage de fumée rose envahit les lieux… 
 
FIN DE LA SCENE 8  
 
FIN DE L’ACTE 1 
 
FIN DE L’EPISODE 8 

 

(c) Emilien Casali - Créé à l'aide de Populus.
Modifié en dernier lieu le 4.09.2021
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